La fourchette est une petite fourche, de l'italien
gamma. Les fourchettes actuelles sont apparues dans l'Empire byzantin, et sont arrivées vers 1056 en Italie quand Théodora Doukas, la fille de Constantin Doukas a été mariée au doge de Venise Domenico Selvo, et ont été diffusées comme une mode en Italie du Nord. L'ecclésiastique Pierre Damien blâme d'ailleurs ce raffinement apporté par la princesse byzantine
1. En Italie, elles servent à l'origine exclusivement à la consommation des pâtes ou à la découpe de viande par l'écuyer tranchant. Elles se répandent ensuite dans le reste de l'Europe à l'époque moderne. Cependant, son usage est limité : en France, elle apparaît à la Cour en 1574 (fourchette à deux dents dans les inventaires royaux)
2, elle n'est utilisée au départ que pour consommer des poires cuites. Introduite selon la légende
3 par Catherine de Médicis ou Henri III, elle ne sera utilisée avec régularité que lentement. Il s'agit plus d'une marque d’excentricité car elle sert à piquer dans le plat le morceau porté ensuite à sa bouche avec ses doigts, l'usage des doigts semblant privilégié et par crainte de blessures sur les dents de la fourchette. Henri III l'adopte à titre personnel à la suite d'un voyage à Venise où il en observe le maniement. Le port de la fraise va mettre en évidence l'avantage de la fourchette pour porter les aliments à la bouche, aussi la fourchette à trois dents est de mode à la Cour des Valois
4. Si à la table du roi de France Louis XIV au XVII
e siècle chaque personne avait une fourchette à la gauche de son assiette, on ne l'utilisait pas, car le roi préférait manger avec les doigts qu'il posait sur une serviette humide entre chaque plat. Enfin le clergé y voyait jusqu'au XVIII
e siècle
5 l'« instrument du diable » incitant au péché de gourmandise, sa diffusion ne commençant véritablement que dans le Siècle des Lumières
3.